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Le rôle du traducteur dans les projets de développement communautaire
Epigraphe“Ce ne sont pas les plus forts qui survivent, ni les plus intelligents, mais ceux qui sont les plus rapides à s’adapter au changement.” Charles Darwin, naturaliste anglais Avant-propos:Ce travail vise à faire ressortir le rôle joué par le traducteur/ interprète en tant qu’acteur à part entière dans les projets de développement communautaire (1), capable de contribuer à l’instauration d’une puissante dynamique de développement en adoptant l’approche participative de la communication. La traduction, qui n’est qu’une facette du processus communicationnel, représente un outil inéluctable pour faire passer le message de manière adaptée aux populations ciblées par les projets de développement, tout en prenant en considération leur langue, leur culture et leurs valeurs sociales. J’espère que ce travail puisse également aider à mieux discerner le rôle de la communication et des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (NTIC) dans notre société et mettre en exergue les stratégies communicationnelles visant à faire prévaloir la participation des communautés et leur appropriation des projets visant leur propre développement. IntroductionDans le cadre des projets de développement communautaire, qui, dans la majorité des cas sont financés à titre de don par des ONG ou des Agences de Coopération Internationale et qui sont dédiés aux populations des pays du Sud, on a souvent recours aux experts étrangers dans différents domaines (Santé, Agriculture, Industrie, Education..) afin d’assister la population cible à adopter le projet destiné à leur propre développement. L’expérience a démontré que la présence d’Agents de communication est nécessaire pour réussir à convaincre les populations à exprimer leur volonté à se doter d’outils d’information et de communication qui correspondent davantage à leurs spécificités socioculturelles, économiques et politiques afin qu’elles puissent tracer leur propre conception du développement. Or, les Agents de Communication locaux ne maitrisent pas forcément la langue des experts étrangers mobilisés dans le cadre du projet de développement, ce qui nécessite la présence d’un traducteur/interprète qualifié! Nous nous interrogeons alors, sur les qualités du traducteur/interprète, nécessaires pour assurer une gestion efficace de la diversité linguistique et culturelle, aussi pour observer - selon les contextes d’intervention et les acteurs impliqués dans les projets de développement communautaire- les apports, les défis et surtout, les enjeux de sa prestation. Le rôle du traducteur en tant qu’agent de communication dans les projets de développement communautaire:Le développement communautaire est un processus grâce auquel la communauté locale participe au façonnement de son propre environnement dans le but d’améliorer sa qualité de vie. MAHATMA GANDHI affirmait que : «Ce que vous faites pour moi mais sans moi, vous le faites contre moi ». Cette démarche, dite participative, nécessite une intégration harmonieuse des composantes économique, sociale, culturelle, politique et environnementale. Cette approche est avant tout un phénomène humain où les projets et l’action, plus que les institutions et les politiques, mobilisent l’ensemble des intervenants de la communauté. Les techniques de communication pour le développement sont nouvelles, et puisque la recherche dans ce domaine est encore d’actualité, seuls les pays les plus développés possèdent les clés de ces nouveaux mécanismes communicationnels à savoir : les Etats-Unis d’Amérique, le Canada, l’Allemagne, l’Angleterre, la France , la Belgique et le Japon. Les experts issus de ces pays sont sollicités par les pays en voie de développement à titre consultatif pour garantir la réussite de leurs nouveaux projets de développement, pour assurer des séances de formation dans ce domaine au profit des agents de communication locaux, mais aussi pour s’imprégner de leur expérience en matière de sensibilisation des populations en voie de développement de l’importance de l’approche participative pour le développement. Cependant, la barrière linguistique constitue un sérieux problème de communication entre ces experts étrangers, les communautés et les preneurs de décision locaux, d’où l’importance du traducteur dans la réussite des projets pour le développement. Lorsqu’il s’agit de projets de communication avec des partenaires étrangers, l’Agent de communication (facilitateur) doit être systématiquement remplacé par un traducteur/ interprète ayant une expérience dans les projets de développement, et qui peut accompagner les collaborateurs non-professionnels en matière de communication dans l’élaboration des plans de communication de leurs projets. Il est vrai que la traduction peut être considérée comme étant l’une des facettes de la communication, mais elle représente une discipline indépendante, qui a toujours été indispensable pour la réussite du processus communicationnel pour le développement. A travers la traduction, l’interprétariat, la localisation et l’adaptation publicitaire, les projets de développement communautaire prennent désormais, une ampleur transculturelle. Dans cette perspective, la principale mission du Traducteur/ Agent de communication dans les projets de développement consiste à assurer la communication entre la population ciblée par le projet et l’ONG qui adopte le projet, sans oublier les responsables locaux qui veillent sur le bon déroulement du programme en question, et son adéquation aux besoins de la population. Cette mission ne peut être accomplie sans procéder à:
D’après Uphoff (1984), il existe quatre niveaux de participation, selon l’implication de la population dans le projet de développement. J’ai essayé de résumer ses propos en ajoutant le rôle que peut jouer le traducteur /interprète à chaque niveau de participation comme suit: 1- la participation à l’exécution : La contribution des gens concernés se tourne vers l’exécution de certaines tâches, ils prennent part au projet et peuvent même avoir parfois des responsabilités. Le traducteur/ Interprète maîtrisant la langue du partenaire étranger et de la population cible a pour rôle de faire face aux barrières culturelles pour informer et sensibiliser la population de l’importance des actions qu’elles seront en mesure de mener dans le cadre du projet en question. 2- la participation à la prise de décisions : Les gens prennent part à l’élaboration du projet, émettent des idées, des critiques, décident que ce soit sur le plan politique, culturel, religieux. Le rôle du traducteur/interprète consiste à sensibiliser la population de l’importance de son implication directe à la prise des décisions relatives à son propre développement, et ce en exprimant son avis et en formulant ses recommandations loin de toute pression, et sans être influencées par les parties prenantes du projet. 3- la participation aux avantages : La population bénéficie des avantages et profite des retombées du projet pour son propre développement. Le traducteur/interprète explique à la population comment elle pourra bénéficier efficacement des avantages du projet, et l’encourage à participer de manière active pour profiter de tous les services proposés. 4- la participation à l’évaluation : On demande l’avis à la population sur le déroulement du projet une fois qu’il est arrivé à son terme. Le rôle du traducteur/interprète lors de cette phase consiste à convaincre la population –cible de donner son avis de manière objective pour aider à définir le taux de satisfaction, et inciter la population à mentionner ses remarques et réclamer ses droits au cas où le partenaire ne tient pas à ses promesses formulées au début du projet. Conclusion:Vu la diversification des tâches du traducteur/interprète, on constate que son rôle semble de plus en plus étendu et dépasse de loin les domaines classiques de sa formation et de sa spécialisation, car, à nos jours, il joue le rôle de médiateur entre langues et cultures. Le traducteur a réussi à affirmer que sa présence devient indispensable pour aider à l’intercompréhension et à la communication interculturelle. On reconnaît donc aux traducteurs/ interprètes professionnels leur compétence à comprendre non seulement la langue, mais la culture étrangère, à adapter, à transposer et à expliquer au delà des mots. Cependant, traduire ou interpréter lors d’un projet de développement, dans l’intention d’assurer la communication entre des partenaires appartenant à des pays différents, n’est pas une simple opération de transcodage, mais un processus complexe qui fait intervenir la langue, la culture et les relations entre des individus appartenant à des groupes sociaux diversifiés. Si le traducteur/médiateur accomplit sa mission tout en ayant conscience de ces difficultés, toutes les barrières linguistiques, culturelles et même politiques disparaissent pour que le projet de développement communautaire avance sur les bons rails et pour que l’objectif commun des différents partenaires soit atteint avec succès. En effet, la dimension culturelle de la traduction et de l’interprétation lors d’un projet de développement communautaire reste largement méconnue. Il est assez facile dans un premier temps de mettre à jour ce qui relève de la réalité culturelle, sociale, historique, idéologique, politique d’un groupe particulier ciblé par le projet, mais cela ne suffit pas pour communiquer, il faut également s’interroger sur la participation et l’adhésion du groupe en question à chaque étape du projet, sur les références culturelles et les valeurs véhiculées par la langue. Autant d’aspects qui restent implicites dans les formations linguistiques et que les traducteurs découvrent en se frottant à la pratique de la communication lors des projets de développement. Notes:(1) Un projet de développement communautaire peut être défini comme une action réalisée dans un objectif socio-économique orienté vers la satisfaction d’un besoin collectif de base (alimentation, santé, éducation, travail, infrastructures de base, information, connaissances, etc.) d’une communauté (hommes et femmes d’une région donnée) leur permettant de s’épanouir dignement. « Il tente d’en valoriser les qualités (ressources, atouts, valeurs), d’en minimiser les handicaps, d’en contourner les contraintes. » (Daniel, 2003 : p.1). Il implique des groupes d’intérêts divers notamment des membres de la communauté, les autorités locales et des agents externes d’appui technique et financier. (2) Le développement participatif est né du constat des échecs des actions entreprises par des organisations de développement des années 70 (Blanchet, 2001). Il consacre la légitimité du droit des communautés à participer dans les décisions les concernant. Selon l’OCDE, cité par Yoda (2004). (3) La stratégie de communication est l’art de diriger et de coordonner les actions nécessaires pour atteindre ses objectifs de communication. Elle consiste à déterminer les cibles auxquelles va s’adresser la communication, définir le message qui va leur être transmis, définir les objectifs de communication de l’entreprise et établir un budget de communication (http://www.passcreamode.com/Creer-sa-marque/Savoir-communiquer/Definir-une-strategie-de-communication) Bibliographie:
--- Article rédigé par: Mme Adiba BAKKOUR/ Maroc
Published - September 2016
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