Articles de Fond Inttranews: Fred Burks
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ENGLISH VERSION En
1981, Fred Burks s'est rendu en Indonésie
dans le cadre du programme d'échange d'étudiants
VIA (Volunteers in Asia), et a passé quatre
ans à apprendre l'indonésien. Après
un séjour de deux ans en République
Populaire de Chine, il devient interprète
sous contrat tout d'abord en Indonésien en
1986, puis en Mandarin en 1988. En 1992, il accepte
une mission d'interprète administratif en
soutien à deux interprètes simultanés
lors d'un séminaire organisé par le
gouvernement à Washington DC, et obtient
officiellement la qualification d'interprète
de conférence.Bien que les États-Unis
comptent 220 millions d'habitants, très peu
d'interprètes américains parlent indonésien.
En 1995, Le Département d'État lui
demande de se rendre à Copenhague afin d'interpréter
pour le Vice-Président Gore lors d'une conférence
des Nations Unies. Comme il le reconnaît,
"même si je n'étais pas officiellement
qualifié pour effectuer de l'interprétation
de haut niveau, ils ne trouvaient personne d'autre".
Peu de temps après, il obtient sa qualification
au plus haut niveau.Depuis, il a interprété
pour les présidents Clinton et Bush (fils),
les vice-présidents Gore et Cheney, les secrétaires
d'État Albright et Powell, et pour bon nombre
d'autres représentants de haut niveau du
gouvernement.Ainsi qu'il en a été
largement fait écho dans les médias,
en novembre 2004, Fred Burks a démissionné
de son poste de principal interprète en indonésien
pour le département d'État des États-Unis
après que celui-ci a insisté pour
qu'il signe un nouveau contrat comportant un engagement
à ne jamais divulguer à des tiers
non autorisés "des informations"
dont il aurait eu connaissance dans le cadre de
ses missions d'interprétation pour le gouvernement.Inttranews
a décidé d'enquêter sur les
raisons qui l'ont poussé à démissionner,
sur ce qui différait par rapport aux exigences
habituelles de confidentialité en matière
d'interprétation, ainsi que sur les conséquences
de sa décision et l'intégrité
qu'elle implique.
Inttranews : Quelles sont vos
qualifications en tant qu'interprète ?
Fred Burks : Au cours des 18 dernières
années, j'ai essentiellement interprété
pour le département d'État des États-Unis.
Le Département d'État compte 3 niveaux
d'interprètes : les interprètes consécutifs,
simultanés et "de conférence"
(les interprètes simultanés de haut
niveau sont bien sûr qualifiés pour
interpréter lors de conférences. L'appellation
est mal choisie). En 1995, j'ai été
admis en tant qu'interprète de conférence.
Le Département d'État n'exige aucun
test ou qualification supplémentaire.
Inttranews : Combien de langues
parlez-vous ?
Fred Burks : Je parle l'indonésien,
le mandarin et l'espagnol en plus de ma langue maternelle
qui est l'anglais. J'ai travaillé en tant
qu'interprète mandarin pour le Département
d'État pendant près de 5 années,
bien que ces dernières années je n'aie
interprété qu'en indonésien.
Inttranews : Vous avez déclaré
avoir officiellement obtenu la qualification d'interprète
de conférence en 1992. En quoi cela a-t-il
consisté ?
Fred Burks : En 1992, j'ai obtenu
la qualification d'interprète simultané,
ce qui signifie que je pouvais participer à
des conférences. En 1995, j'ai obtenu celle
d'interprète de conférence. Jusqu'à
ma récente démission, j'étais
le principal interprète du Département
d'État pour évaluer les tests des
candidats en indonésien pour tous les niveaux.
Je connais donc très bien le processus. En
ce qui concerne l'interprétation simultanée
et de conférence, le test d'évaluation
repose sur un enregistrement vidéo d'une
session d'interprétation en simultané.
L'interprétation du candidat est enregistrée
et évaluée en fonction d'un certain
nombre de critères. Il n'y a pas d'examen
écrit pour les interprètes.
Inttranews : Votre travail pour
la Maison Blanche était-il différent
des missions d'interprétation effectuées
pour d'autres clients ?
Fred Burks : Dans mon travail de
haut niveau, il y avait deux formats de base : les
conférences et les rencontres bilatérales.
Les conférences différaient peu de
celles organisées ailleurs, bien que les
États-Unis recourent généralement
à deux interprètes alors que beaucoup
de pays en utilisent trois pour l'interprétation
simultanée. J'ai interprété
lors d'une conférence dans la salle de conférence
de la Maison Blanche. La seule différence
avec une conférence ordinaire est qu'il n'y
avait pas de cabine et seulement un interprète
pour chaque partie, ceci parce que la réunion
a duré moins d'une heure.Les réunions
bilatérales sont assez différentes.
Il y a une sorte de protocole à suivre. Ces
réunions se déroulent presque toujours
en interprétation consécutive. Le
gouvernement de chaque pays participant fournit
un interprète. Chaque interprète intervient
uniquement pour le représentant de son pays.
Quand j'ai interprété lors de la visite
de la Présidente Megawati à Washington
DC, une semaine après le 11 septembre, deux
entorses ont été faites au protocole.
Etant donné que Megawati comprenait relativement
bien l'anglais, il a été convenu que
j'interpréterais en chuchotement. Ainsi,
elle pouvait écouter l'anglais mais disposait
toujours en secours de mon chuchotement en indonésien
lorsque quelque chose lui échappait. Ceci
a très bien marché.Seconde entorse,
j'ai fini par interpréter pour les deux parties
plusieurs fois pendant ses trois jours à
Washington. Ceci était vraiment contre le
protocole, et j'ai tout d'abord protesté.
Mais l'interprète de Megawati m'a pratiquement
supplié de le remplacer me confiant que la
Présidente ne le portait pas dans son cœur,
et l'avait réprimandé bon nombre de
fois pour ses traductions médiocres. Elle
était Présidente depuis peu et n'avait
pas encore trouvé d'interprète à
son goût. Interpréter pour quelqu'un
qui maîtrise relativement bien la langue interprétée
peut être un véritable défi.
Inttranews : Selon votre propre
déclaration, vous avez travaillé seulement
trois semaines en tant qu'interprète de conférence
en 2004. Est-ce que travailler pour le Département
d'État est si bien rémunéré
?
Fred Burks : Le Département
d'État applique des taux inférieurs
à ceux du marché. Au plus haut niveau,
la rémunération actuelle est de 500
dollars américains par jour de travail. Je
facture davantage à mes clients privés.
En tant que prestataire et en tant que principal
interprète indonésien du Département
d'État, j'avais l'avantage de pouvoir décider
combien de temps je voulais travailler. Au cours
des deux dernières années, je me suis
passionné pour mon travail sur Internet :
révéler des scandales étouffés
et construire une communauté globale. Bien
que cela ne me procure aucun revenu, il est clair
que c'est à cela que je veux consacrer mon
énergie et mon temps. Pour cette raison,
je n'acceptais que des missions d'interprétation
qui étaient particulièrement intéressantes
et pertinentes. Le résultat est que j'ai
gagné très peu d'argent l'année
dernière et j'ai dû piocher dans mes
économies pour financer mon projet Internet.
Inttranews : Pourquoi avez-vous
démissionné ?
Fred Burks : C'est une très
longue histoire, mais la principale raison est que
j'aurai dû signer un nouveau contrat imposé
à tous les interprètes. Ce contrat
stipulait que les interprètes "ne doivent
communiquer à aucune personne ou organisation
des informations dont ils ont eu connaissance à
l'occasion de l'exercice de leur fonction au titre
du présent contrat et qui n'ont pas été
rendues publiques, sauf si l'exercice desdites fonctions
l'exige ou en cas d'autorisation écrite du
responsable des contrats". Cela signifie que
si mon itinéraire n'a pas été
annoncé publiquement, je ne peux même
pas informer ma famille de l'endroit où je
me trouve pour mon travail. Cela signifie que si
quelqu'un me raconte une bonne blague pendant mon
travail, je ne peux jamais la raconter à
personne à moins qu'elle soit publiquement
connue. Cela signifie que je ne pourrais pas partager
la plupart des anecdotes issues de mes rencontres
avec des clients et qui ne sont absolument pas confidentielles.
Je ne pourrais pas non plus raconter la majeure
partie de ce que j'écris ici. Comme le contrat
stipulait spécifiquement que cette clause
restait valable même une fois le contrat terminé,
cela signifiait que je devrais garder ces informations
confidentielles pour le reste de ma vie.Je comprends
très bien que la confidentialité et
le secret soient de rigueur dans certaines circonstances.
Je ne pense absolument pas que les interprètes
devraient être libres de parler de ce qu'ils
entendent pendant leur mission. Cependant aussi
étrange que cela puisse paraître, on
ne m'a jamais demandé de signer un contrat
de confidentialité avec le Département
d'État durant mes 18 années de travail.
Bien que j'interprétais pour des présidents
lors de réunions secrètes, je n'avais
pas d'habilitation secret-défense. Mais tant
que cette habilitation n'était pas exigée,
j'ai choisi de ne pas en faire la demande car la
procédure était très longue
et inquisitrice. Passer de l'absence de tout accord
de confidentialité à l'accord incroyablement
restrictif indiqué plus haut me paraît
complètement impensable.J'ai négocié
pendant environ un mois avec mes supérieurs
au Département d'État pour voir si
nous pouvions retravailler le nouveau contrat. Apparemment,
il semblait y avoir des possibilités. Mais
ensuite, sans prévenir, le chef du service
des langues, qui avait participé à
ces négociations, m'a fait parvenir pour
des raisons que j'ignore un e-mail disant que toute
personne qui ne signerait pas le nouveau contrat
ne travaillerait plus pour le Département
d'État. C'est alors que j'ai officiellement
envoyé ma démission.
Inttranews : L'accord de non-divulgation
était-il différent de celui généralement
demandé aux interprètes professionnels
?
Fred Burks : Je n'ai pas beaucoup
travaillé dans le privé. Le travail
que j'ai fait dans le privé n'exigeait pas
un accord de non-divulgation. Bien sûr j'ai
gardé confidentielles les informations sensibles,
uniquement pour des raisons d'éthique. Je
ne pense pas que les interprètes doivent
révéler les informations qu'ils obtiennent
lors de leurs missions, cela pourrait avoir un impact
négatif sur leurs clients, à moins
qu'il y ait une très bonne raison à
cela.
Inttranews : N'y avait-il pas
eu auparavant d'accord de non-divulgation ?
Fred Burks : Comme je l'ai indiqué
tout à l'heure, je n'ai jamais signé
d'accord de confidentialité.
Inttranews : Avez-vous démissionné
ou vous a-t-on demandé de le faire ?
Fred Burks : J'ai décidé
de démissionner après avoir reçu
l'e-mail de mon supérieur disant en effet
que je ne pourrais plus travailler pour le Département
d'État si je ne signais pas le contrat. Techniquement
je n'ai pas démissionné mais plutôt
résilié mon contrat.
Inttranews : Avez-vous trouvé
un nouvel emploi depuis votre démission ?
Fred Burks : Mon autre travail
me passionne tant que je ne recherche pas d'autres
missions d'interprétation pour l'instant.
J'ai refusé quelques offres. Si quelque chose
de vraiment intéressant se présente,
il se peut que je l'accepte mais je suis très
pris avec cet autre travail passionnant.
Inttranews : Quel effet pensez-vous
que votre décision aura sur votre carrière
?
Fred Burks : J'ai déjà
travaillé beaucoup moins en tant qu'interprète.
Ce travail fascinant de haut niveau me manquera
mais, à part cela, ma démission n'a
pas eu beaucoup d'effet sur ma carrière.
Je pourrais facilement trouver de nombreuses missions
d'interprétation si je le voulais.
Inttranews : Avez-vous subi des
pressions depuis votre démission ?
Fred Burks : J'ai été
un peu déçu que seuls quelques collègues
aient pris contact avec moi pour parler de ma démission
et exprimer leur tristesse par rapport à
mon départ.Alors que j'étais bien
estimé au Département d'État,
aucun de mes supérieurs ne m'a contacté
pour exprimer des regrets. Je n'ai pas non plus
subi de pressions. J'ai parlé à la
presse d'une réunion secrète à
laquelle j'ai assisté en 2002 et lors de
laquelle le gouvernement américain a demandé
à la Présidente Megawati de capturer
secrètement un fondamentaliste musulman bien
connu et de le livrer aux États-Unis. Comme
cela était une opération illégale
ou pour le moins clandestine, avec d'importantes
ramifications, j'ai décidé d'en parler
depuis ma démission. Cette révélation
a reçu beaucoup d'écho dans la presse
indonésienne, confortant l'opinion de bon
nombre d'Indonésiens selon laquelle les États-Unis
manipulent la politique de l'Indonésie. Je
me rendrai probablement bientôt en Indonésie
pour témoigner devant la haute cour dans
le procès de la personne dont je viens de
parler. Il risque actuellement une peine de prison
importante sur la base d'allégations provenant
essentiellement des États-Unis.
Inttranews : Pensez-vous que
la communauté de traduction internationale
pourrait faire plus lorsque des catastrophes humanitaires
surviennent telles que le raz-de-marée qui
a touché l'Indonésie la semaine dernière
? Dans l'affirmative, avez-vous des suggestions
?
Fred Burks : Je pense que la communauté
pourrait établir une liste d'interprètes
qui seraient volontaires pour intervenir lors de
catastrophes majeures comme le récent tsunami.
Cette base de données pourrait contenir des
informations telles que les coordonnées [des
interprètes] et d'autres éléments
importants, tels que le souhait de payer ses voyages
ou d'être remboursé, etc. En cas de
catastrophe, cette liste pourrait être mise
à disposition des principales organisations
de secours intervenant dans la gestion de la catastrophe.
Cela pourrait aider beaucoup, en envoyant une équipe
d'intervention rapide sur les sites où le
besoin est le plus grand. J'aimerais assurément
faire partie de cette base de données. J'aimerais
pouvoir me rendre utile en Indonésie, qui
a été si touchée par la récente
catastrophe. Ma pensée va à toutes
les victimes.
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